"Le Sénégal n'a jamais été exclu de la CPCCAF"
Le Président de la Chambre de commerce de Kédougou brise l'omerta. Dans un entretien exclusif accordé au quotidien LA DÉPÊCHE, Mamadou Hadji Cissé n'y est pas allé par quatre chemins pour fustiger le comportement de la Chambre de commerce, d'industrie et d'agriculture de Dakar (CCIAD). A l'en croire, la CCIAD veut être au dessus de l'Union Nationale des Chambres de commerce, d'industrie et d'agriculture du Sénégal (UNCCIAS) . Pour l'ancien député-maire de Kédougou, c'est impensable. Selon Mamadou Hadji Cissé, Dakar veut tout simplement écraser les autres chambres de commerce et faire comme si de rien n'était. Pour lui, cette forfaiture ne passera pas. En phase avec le Président de l'Union, Serigne Mboup, le Président de la Chambre de commerce de Kédougou, prône la résistance. C'est pourquoi, il a condamné avec véhémence, le putsch manqué contre le Président de l'Union. Pour Mamadou Hadji Cissé, ces agissements d'un autre âge, n'honore pas la CCIAD dont le rêve de voir l'UNCCIAS exclue de la Conférence Permanente des Chambres Consulaires Africaines et Francophones (CPCCAF) , s'est fondu comme du beurre au soleil. La preuve par neuf, le Sénégal est désormais à jour dans ses cotisations, au niveau de cette organisation internationale dont il est membre-fondateur. Et ce, malgré les blocages de la CCIAD qui a arrêté de s'acquitter de ses cotisations au niveau de l'Union. Il a notamment rappelé que l'UNCCIAS est la porte d'entrée des Chambres de commerce. Au bénéfice de toutes ces observations et en attendant les décrets d'application de la loi de 2017, relatifs à la création de la Chambre nationale, la nouvelle instance devant remplacer l'UNCCIAS, le Président de la Chambre de commerce de Kédougou, en appelle l'arbitrage de la tutelle pour que la sérénité revienne au plus vite. C'est la raison pour laquelle, Mamadou Hadji Cissé exhorte ainsi, le Ministre du Commerce, de la Consommation et des Petites et Moyennes Entreprises, à siffler la fin de la récréation et à trouver les voies et moyens d'organiser dans les meilleurs délais les élections de représentativité, afin que soit renouvelé les instances des chambres de commerce.
Un mot sur la mission que vous venez d'effectuer au Bénin au nom de l'UNCCIAS?
L'Union Nationale des Chambres de commerce, d'industrie et d'agriculture du Sénégal présidé par Serigne Mboup m'avait mandaté pour représenter l'Union à la 47e Assemblée Générale de la Conférence Permanente des Chambres de Commerce africains et Francophone (CPCCAF) . Cette Assemblée Générale qui s'est tenue à Cotonou, au Bénin, sur invitation de la Chambre de Commerce du Bénin, a eu un franc succès.
D'aucuns estiment que le Sénégal avait été exclu de cette organisation. Qu'en est-il exactement?
Le Sénégal n'a jamais été exclu des instances de la CPCCAF. Notre pays avait été suspendu pour des retards de cotisations dus à des problèmes internes entre la Chambre de Commerce, d'Industrie et d'Agriculture de Dakar (CCIAD) et l'Union Nationale des Chambres de commerce, d'industrie et d'agriculture du Sénégal (UNCCIAS). On ne peut pas exclure le Sénégal qui est membre-fondateur de la CPCCAF. Le problème de cotisation est maintenant derrière nous. A l'heure actuelle ou je vous parle, le virement a été fait.
Pouvez-vous nous retracer la genèse de ce différend entre la CCIAD et l'UNCCIAS ?
Je voudrais avant tout préciser que l'Union est la porte d'entrée des Chambres de commerce. Au départ le Président de l'UNCCIAS était le Président de la CCIAD. En 2016, Serigne Mboup, Président de la Chambre de Commerce de Kaolack est porté à la tête de l'Union. Cette élection n'a pas été du goût de Dakar qui venait de perdre le contrôle de l'UNCCIAS. C'est à partir de ce moment que les problèmes ont commencé. Et pourtant toutes les Chambres de commerce sont d'égale dignité. Dakar a commencé à manoeuvrer en cherchant à écraser tout le monde, en s'accaparant de la quasi totalité de certaines ressources que devraient se partager les 14 Chambres de commerce. Le président de l'Union a décidé de résister. La situation s'est embobinée. Le Président Serigne Mboup a même échappé à un putsch. On a voulu maladroitement l'évincer. Mais c'était peine perdu puisque la légalité était dans son camp. Et ce coup d'Etat s'est terminé comme un pétard mouillé. Ces agissements de Dakar, sont à condamner avec véhémence.
Et pourtant une réforme est en cours visant la mise en place d'une Chambre nationale. Comment pouvez-vous expliquer les lenteurs relativement aux décrets d'application?
C'est la loi 2017-15 qui crée la Chambre nationale de commerce, d'industrie et de service du Sénégal. L'article 8 stipule que les Chambres de commerce existantes continuent de fonctionner jusqu'à la mise en place de nouvelles Assemblées consulaires. C'est une hérésie de dire que le Président Serigne Mboup n'est pas légitime. Ceux qui le disent, c'est eux-mêmes qui ne sont pas légitimes. Ils sont à leur poste depuis 2010. Alors qu' entre temps, des élections auraient dû avoir lieu. Je me réjouis de la création de cette Chambre nationale. On attend les décrets d'application. Le blocage, ce n'est pas l'Etat. C'est nous. Nous mettons le ministère dans une situation inconfortable.

Le mot de la fin?
Le ministère doit prendre ses responsabilités et siffler la fin de la récréation, en organisant de nouvelles élections.
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