Général Mamadi Doumbouya : le Diable habillé en treillis, au nom du maître argent et du démon pouvoir.

post Dans un pays qui a connu une succession de dictatures civiles et militaires infernales, tout au long de son histoire, très mouvementée, on devrait avoir le flair de reconnaître ceux qui en portent les germes, en dégagent le parfum. Il y a des signes qui ne trompent pas, tout de même, au-delà des apparences trompeuses et des bonnes intentions toujours affichées dont l'enfer est pavé.

Les Guinéens, réputés intelligents, ne sont pas toujours et pour autant avisés, car il arrive trop souvent qu'ils se fient à l'apparence, confient leur destin au premier venu. C'est comme s'il y avait sur cette terre fertile d'idées et choyée par la nature, une tentation morbide de l'inconnu et un goût immodéré des risques. Si non, le Général Mamadi Doumbouya, caporal-chef, à peine incorporé dans l'Armée nationale, sans référence ni aucune aptitude , ne peut jouer les premiers rôles dans les rangs, s'accaparer du pouvoir d'Etat dans un pays de vocation révolutionnaire, qui a marqué l'histoire de l'Afrique avec ses élites politiques.

Personne ne s'est posé la question si c'est raisonnable de s'aligner derrière un inculte et de s'allier à un médiocre qui n'a pas d'éthique militaire ni de bagage pour diriger un État. Le professeur Alpha Condé a commis le péché originel d'adouber un délinquant notoire et de l'élever à une dignité sans aucun rapport avec ses performances, ne tenant aucunement compte non plus d'une enquête de moralité préalable. Les Guinéens, pour leur part, ont commis la faute morale, en le plébiscitant, d'absoudre de ses crimes un homme qui a braqué le pays pour prendre le pouvoir de force, par les armes, dans une rivière de sang.

Puisque c'est un crime qui mérite un châtiment de s'allier au diable que de l'inviter dans sa maison, l'ancien président mène une vie de banni tandis que son peuple est frappé de malédictions, en attendant que Dieu ne daigne pardonner tous les écarts et toutes les connivences qui ont fait le bonheur d'un soudard, qu'aucune personne douée de raison ne peut prendre au sérieux, appeler chef de l'Etat. Tout au plus, on est face à un chef de clan, parrain attitré d'une mafia locale civilo-militaire qui est née de l'irresponsabilité et du manque de vigilance de chacun, éclot avec la complaisance et la démission de tous. L'on a fabriqué un monstre, on ne sait plus comment arriver à s'en débarrasser.

Quelqu'un qui traînait la savate qui, du jour au lendemain, se retrouve à la tête d'un pays, gorgé de ressources dont il dispose désormais à sa guise, sans contrôle ni limites, peut-il se résoudre au nom d'un sens de l'histoire ou pour l'honneur du respect de la parole donnée, à revenir à sa vie ordinaire et banale d'avant, même avec un coffre-fort bien garni ? Un larcin qui vivait de petits trafics, de substances, même interdites, comme la drogue qui a tout le budget de l'Etat à sa disposition, dépensé, en fonction de ses instructions, peut-il gagner maintenant, autrement sa vie qu'en pillant, siphonnant le trésor public ? Le pouvoir, arraché par la force, confisqué avec les armes, n'assure-t-il pas l'immunité, ne garantit-il pas l'impunité pour tous les crimes commis du reste imprescriptibles ?

Le Général Mamadi Doumbouya, sait ce qui l'attend une fois qu'il aura quitté le pouvoir, s'il s'en sort, sain et sauf. Les États-Unis qui ferment les yeux aujourd'hui, n'ignorent rien de son implication avérée dans le trafic international de la drogue dont la Guinée est redevenue avec la bienveillance et le soutien aveugle des autorités de la transition, une plaque-tournante. Le professeur Alpha Condé avait remonté la filière et avait fini par découvrir que des proches collaborateurs à lui dans l'appareil sécuritaire de l'Etat étaient mêlés jusqu'au cou dans les affaires de cocaïne, en tête, le commandant des forces spéciales, Mamadi Doumbouya, le commandant du peloton régional de la gendarmerie de Conakry, Bala Samoura. La première vague d'arrestations d'éléments des forces de l'ordre a affolé les deux officiers qui, pour sauver leur peau, sont passés à la vitesse supérieure, précipitant le coup d'Etat qu'ils avaient planifié et mûri, de longue date.

Ils n'ont pas agi donc par conviction démocratique ou pour un quelconque idéal comme on le voit avec le recul et le temps. Les deux hommes, l'un se dit chef d'Etat, l'autre prétend qu'il commande la gendarmerie nationale, ont toujours roulé pour eux-mêmes, n'ont jamais été guidés que par leurs instincts grégaires et intérêts mesquins. Au sommet de l'Etat, indûment, n'ayant plus de comptes à rendre à personne, pour l'instant en tout cas, pour leurs délits et crimes de toutes sortes, il est utopique de croire qu'ils vont débarrasser le plancher, sans effusion de sang, dans la bonne foi et la sagesse.

L’enjeu pour les prédateurs au pouvoir n'est rien d'autre que l'enrichissement personnel et effréné. Les contrats et marchés publics surtout dans le secteur minier très porteur sont attribués à la famille, aux amis, à la tribu dans l'opacité absolue et le népotisme primaire. Il en est de même pour les hautes fonctions de l’état et de l’administration publique où c’est le tournis de la pyramide inversée : l’incompétence rivalise avec la rapacité et le clanisme, de mauvais aloi. Tout se passe, éhontément, entre "copains et coquins".

La Guinée se retrouve ainsi dans de mains très sales, partagée entre plusieurs groupements d'intérêts à l'intérieur et à l'extérieur du pays. C'est devenu le grenier de tous. Des chefs d’états conquérants et des capitaines d’industries véreux y ont planté leur drapeau. On assiste à une collision d’intérêts, à ciel ouvert, à qui mieux mieux. Alpha Condé était plus regardant dans les affaires, de culture communiste, de prétention patriotique plus marquée et trop suspicieux.

La Guinée est le dernier des soucis de la cohorte d’affairistes, les Guinéens ne comptent guère, dans leurs desseins obscurs. Ils n'entendent pas céder d'un iota leur empire, ni n'ont l'intention de céder la place à un autre. Tous les masques sont tombés.
Le Général Mamadi Doumbouya, répète, en se rasant tous les matins, telle une obsession, n'étant pas homme de Dieu, ni acquis à l'humilité" moi ou personne", " Moi ou le chaos ".

Ce ne sera pas lui et il n'y aura pas de chaos. Lui aussi passera, la Guinée demeurera. L'homme propose, Dieu dispose, malheureusement, pour lui qui a oublié d'où il vient, ne sait pas où il va, n'ayant pas de souvenirs ni d'avenir.
Le drame personnel de l'individu Mamadi devient
le pandémonium de tout le peuple martyr de Guinée.

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La Voix du Peuple

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