UNE DYNAMIQUE D’EXCELLENCE EN MARCHE
Par Salif GAYE, Professeur Titulaire des Universités de Classe Exceptionnelle
Le 27 octobre 2022, la pose de la première pierre des Classes Préparatoires aux Grandes Écoles (CPGE) de Thiès par Son Excellence Monsieur le Président de la République a marqué une étape majeure dans la politique nationale de promotion de l’excellence académique. À travers cette initiative structurante, l’État du Sénégal a affiché une volonté claire : offrir aux meilleurs bacheliers scientifiques une formation de haut niveau dans un cadre national propice à leur épanouissement, tout en réduisant les départs massifs vers l’étranger.
Cette vision prospective, traduite en actes concrets, a porté ses premiers fruits. Les bons résultats de la première promotion des CPGE – avec un taux de réussite avoisinant les 80 % aux concours d’entrée dans des écoles d’ingénieurs à l’international – témoignent de la qualité de la formation.
Dans le prolongement de cette dynamique, les autorités du Sénégal, par le biais du Ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Dr El Hadji Abdourahmane Diouf, ont posé un jalon important : favoriser une meilleure intégration des talents nationaux dans les grandes écoles d’ingénieurs sénégalaises. Cette orientation, résolument stratégique, vise à ancrer davantage ces talents au service du développement national.
C’est dans cet esprit que se tiendra, les 27 et 28 mai 2025 à l’École Polytechnique de Thiès (EPT), un concours d’entrée dédié aux étudiants sénégalais issus des CPGE. Cette initiative représente une avancée significative vers la construction d’un écosystème d’ingénierie d’élite, façonné à l’échelle nationale.
En effet, dans un monde de plus en plus compétitif, où les compétences scientifiques sont un levier essentiel de souveraineté et de progrès, il est essentiel de poursuivre la réflexion afin de consolider et d’amplifier les acquis. Dans cette perspective constructive, et avec le souci constant de contribuer à l’amélioration continue du système, quelques pistes méritent d’être examinées :
1. Accessibilité renforcée
Une partie non négligeable des étudiants issus des CPGE poursuit actuellement sa formation dans des établissements à l’étranger. La création de centres d’examen dans ces pays (notamment en France, au Maroc ou en Tunisie) pourrait faciliter leur retour par une participation au concours d’entrée aux Grandes écoles d’Ingénieurs du Sénégal, en réduisant les contraintes logistiques et financières.
2. Ouverture progressive du concours
À moyen terme, envisager une ouverture du concours à d’autres profils académiques, notamment les étudiants des universités publiques titulaires d’un niveau Licence 2 (L2) scientifique ou équivalent, permettrait d’élargir la base de recrutement tout en valorisant l’ensemble des talents formés localement. Cela favoriserait une approche plus inclusive de l’excellence et renforcerait la cohésion du système.
3. Harmonisation des modalités de sélection
Certaines grandes écoles, comme l’ESP de l’UCAD, l’UFR des Sciences de l’Ingénieur de Thiès ou encore l’Institut Polytechnique de l’UGB de Saint-Louis, autorisent l’accès des étudiants au cycle ingénieur par deux voies : l’un par leurs concours de recrutement classiques ouverts à tous les étudiants de niveau L2 ou équivalent, l’autre par le concours d’entrée aux grandes écoles d’ingénieurs réservé aux seuls étudiants du CPGE de Thiès. Une meilleure harmonisation de ces démarches contribuerait à clarifier le dispositif global et à garantir l’équité de traitement entre tous les étudiants, dans un esprit de transparence et de cohérence institutionnelle.
Il importe de rappeler que les grandes écoles d’ingénieurs concernées par ce concours sont des établissements publics au service de l’intérêt général. À ce titre, elles ont vocation à incarner les valeurs de mérite, d’équité et d’ouverture, piliers essentiels de leur légitimité. Permettre à tous les étudiants, quelle que soit leur origine institutionnelle, de concourir dans des conditions équitables, renforce la légitimité de ces établissements d’excellence.
En somme, les orientations stratégiques portées par le MESRI s’inscrivent dans une dynamique prometteuse de valorisation des compétences nationales. En les accompagnant de dispositifs complémentaires favorisant l’accessibilité, la diversité et la cohérence, cette politique gagnera en profondeur et en impact durable, au bénéfice du Sénégal et de sa jeunesse ambitieuse.

Par Salif GAYE, Professeur Titulaire des Universités de Classe Exceptionnelle
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