" les tirailleurs sénégalais subirent la trahison de la France "
Le 1er décembre 2024, le Sénégal commémore le 80e anniversaire du massacre de Thiaroye, un événement tragique de l'histoire coloniale française. Lors de la cérémonie, Jean-Noël Barrot, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, a transmis un message fort du président français, rappelant le sacrifice des tirailleurs africains durant la Seconde Guerre mondiale et le douloureux souvenir de leur lâche exécution.
« Mesdames et messieurs, » a commencé Barrot, évoquant la diversité des origines de ces soldats, venus du Sénégal, des Comores, du Congo, de Côte d'Ivoire, et d'autres pays d'Afrique. Ces hommes, qui avaient répondu à l’appel de la France en pleine guerre, avaient laissé derrière eux leurs villages et leurs familles pour défendre une patrie qui semblait leur promettre liberté et reconnaissance.
Ces tirailleurs, héros de l'ombre, s'étaient battus avec bravoure sur les champs de bataille européens, participant à des luttes décisives à Sedan, Bar-le-Duc, et Amiens. Malgré une supériorité écrasante de l’ennemi, leur courage et leur détermination avaient permis de repousser les forces nazies. Pourtant, à la fin de la guerre, leur retour au pays fut marqué par l’humiliation et l’oubli.
Barrot a souligné que, malgré leur sacrifice, ces hommes furent souvent traités comme des soldats de second rang. Démobilisés avant les autres, privés de la solde qui leur était due, ils subirent la trahison de la France, qui avait promis égalité et fraternité. Ce sentiment d’abandon a conduit à de vives protestations, notamment à Morlaix et dans le camp de Thiaroye, où des soldats réclamaient justice avant de regagner leurs foyers.
La répression brutale de ces revendications, qui a abouti au massacre de Thiaroye, rappelle les blessures encore ouvertes dans l’histoire commune entre la France et ses anciennes colonies. Les mots de Barrot résonnent aujourd'hui comme un appel à ne jamais oublier ces hommes qui, malgré leur sacrifice, ont été trahis par ceux qu'ils avaient courageusement défendus.
« Rien ne peut justifier que des soldats de la France aient ainsi tourné leurs armes contre leurs frères d’armes, » a-t-il déclaré, soulignant l’importance de reconnaître cette tragédie et d’en tirer des leçons. Ce cri de colère, qui s’est élevé il y a 80 ans, reste d’actualité et doit être entendu.
La cérémonie de commémoration n’est pas seulement un acte de mémoire, mais aussi un moment de réflexion sur les valeurs d’égalité et de fraternité, et sur la nécessité de réparer les injustices du passé. En se remémorant le massacre de Thiaroye, la France est invitée à honorer la mémoire de ces héros oubliés et à s'engager vers une réconciliation authentique.
Seul un travail de mémoire peut conduire à les apaiser. Il n'y a pas d'apaisement sans la justice il n'y a pas de justice sans la vérité. La vérité, l'histoire et la mémoire ne sont pas des postures mais des processus portant une part de complexité devant lesquels nous ne vous devons pas reculer.
C'est pourquoi la transmission des archives a été décidée en 2014. C'est pourquoi la France a accueilli une mission d'étude des archives que vous avez mandatée. Qui contribue aux travaux du comité dirigé par le professeur Mamadou Diouf. C'est la raison pour laquelle le président de la République vous a écrit monsieur le Président. Pour vous dire que la France se doit de reconnaître que ce jour-là s'est déclenché un enchaînement de faits ayant abouti. Et si la France reconnaît ce massacre, elle le fait aussi pour elle-même car elle n'accepte pas qu'une telle injustice puisse entacher son histoire. Inclinons-nous. Devant les 202 stelles blanches du cimetière de fiareuil.
Planté dans la terre rouge du Sénégal comme une invitation permanente à l'œuvre pour la justice et la vérité partout et en tout temps. Puis ils ont dans ce travail de mémoire et de reconnaissance. La grandeur d'âme, le dévouement et la dignité de ces hommes. De ces témoins du monde nouveau qui sera demain que célébrer sans mort.
Cultivons l'amitié entre le Sénégal et la France sur les fondations d'une mémoire qui rassemble plutôt qu'une mémoire qui divise. Monsieur le Président, vous avez posé avec le président de la République le 20 juin dernier à Paris les bases d'un partenariat renouvelé fondé sur le respect mutuel au service des intérêts réciproques de nos deux peuples unis par des valeurs démocratiques partagées et une relation d'amitié. Inventons ensemble ce nouveau dialogue franc est respectueux, des intérêts et des valeurs de chacun transparent sur les objectifs. Juste quand à la réalité des actes. Juste quand au récit qui les entoure pour que vive la République du Sénégal et pour que vive la République française.

Lors de la cérémonie, Jean-Noël Barrot, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, a transmis un message fort du président français...
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